Le Suprématisme et sa géométrie vivante

Contexte :
Ce mouvement d’avant-garde russe se développe entre 1913 et 1918 et aboutit à une forme d’abstraction absolue. Le suprématisme, dérivé du mot “suprême”, caractérise l’art de Kazimir Malevitch. Il publie en 1915 le Manifeste du suprématisme et expose ses théories en 1916 dans un essai intitulé Du cubisme et du futurisme au suprématisme. Comme l’indique ce dernier titre, des mouvements picturaux participent à la construction de son art. Parallèlement, Malevitch adhère à la philosophie nihiliste russe (négation radicale du monde tel qu’il est, injuste et mauvais) et, par extension, il remet en question la peinture telle qu’elle est pour privilégier le recherche de la vérité. Cette vérité passe par le dépouillement, le rejet de tout. A partir du “rien” du “nihil”, sa quête est possible.
Du cubisme, il a retenu l’essentiel : la nécessite d’animer l’espace en y inscrivant la forme. Aboutissement du suprématisme, l’expression pure de l’espace se lie au point où la forme, la couleur et l’espace se rejoignent pour exprimer le “rien”, l’absence, qui relève de l’absolue présence de l’abstraction pure, état suprême de la peinture.
Caractéristiques :
Kazimir Malevitch peint sur des formats de dimensions moyennes. Il affirme la souveraineté de la forme abstraite et géométrique. Carrés, rectangles, cercles, triangles et croix se touchent, se superposent ou s’ignorent.
Les couleurs vives et variées, jaune, rouge, bleu, brun, vert et noir s’animent sur un fond blanc. Ses œuvres ne sont ni signées, ni datées. Le caractère radical de sa démarche s’affirme par la présence du carré dans un espace carré qui réunit les deux pôles opposés de la couleur, la fin et le commencement : Carré noir sur fond blanc peint vers 1913. En 1918, avec son Carré blanc sur fond blanc, la couleur est poussée à ses dernières limites. Dans cette toile, seule une légère inflexion du blanc sépare le carré-forme de la toile-espace. Ce tableau lui-même n’est plus qu’une allusion à la peinture “le suprématisme est le sémaphore de la couleur dans l’illimité (…) J’ai pénétré dans le blanc (…) J’ai atteint le monde blanc de l’absence d’objet qui est la manifestation du rien dévoilé” (Malevitch)
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Bibliographie : Fride, Carrasat, Marcadé. 1993. Source : Comprendre et reconnaître les mouvements dans la peinture. France Loisir.